Sur un fil de la toile #10-18 | Discussion sur la réalité de la méthode scientifique

Science_Set_TransDepuis quelques temps, je suis le blog de Nima Yeganefar, qui s’emploie à clarifier un certain nombre de questions épistémologiques en science, sous le titre Sham and Science. Dans un billet récent, intitulé A propos de la science et de la méthode scientifique, cet enseignant à l’IUT de Poitiers et chercheur au LIAS en automatique, propose de synthétiser les diverses acceptations du terme “science” afin de les clarifier. En effet, il arrive souvent que les gens confondent la notion de science en tant que corpus de connaissances accumulées par des scientifiques au cours du temps et celle renvoyant à une manière spécifique de construire ce savoir, appelée “méthode scientifique”. Comme il le dit lui-même en introduction:

On a souvent parlé sur ce blog de méthode scientifique sans jamais réellement expliciter en quoi consistait cette méthode. On peut d’ailleurs s’étonner que l’on puisse poursuivre de longues études universitaires sans que jamais ces règles ne soient clairement formulées. Cette lacune du système scolaire explique aussi pourquoi il est parfois difficile de débattre de certains sujets scientifiques avec le grand public; sans expliquer les différences entre savoir, opinion, théorie, croyances, et même tout simplement sans définir la science, les incompréhensions sont multiples et débouchent inlassablement sur des impasses.

Son blog a rapidement trouvé un public assez fidèle, qui y voit une bonne plateforme pour débattre de toutes sortes de sujets en lien notamment avec l’intégration de la science dans la société en général. Ce dernier billet n’a donc pas manqué de provoquer une jolie discussion, au cours de laquelle pas moins de 25 commentaires ont été postés.

Il en ressort notamment une opposition sur la réalité de la mise en œuvre de la méthode scientifique par les chercheurs ou du moins sur la mesure dont elle l’est.

Deux des intervenants estiment que la recherche universitaire est fortement freinée par un fonctionnement de groupe mettant l’accent sur la cohésion sociale de la communauté scientifique plus que sur l’avancement de la connaissance. Cela déboucherait sur l’imposition d'”orthodoxies” scientifiques et l’exclusion socio-professionnelle de tous ceux qui ne s’y conforment pas. Pour les tenants de cette vision, la communauté scientifique aurait tendance à s’enfermer dans le déni, voir dans l’erreur, pendant des décennies. Le problème serait tel que la confiance que l’on accorde à ces universitaires tiendrait plus de la foi ou de la croyance que d’une attitude rationnelle.

Cette posture est nuancée, voir contestée par d’autres intervenants. Ils ne nient pas ce phénomène de mandarinat et ces réflexes d’auto-protection de la part d’acteurs scientifiques déjà bien établis et se méfiant de leurs pairs, surtout s’ils sont plus jeunes, et de la concurrence éventuelle qu’ils peuvent leur faire. Mais, ils estiment que la méthode scientifique, imposant notamment de reproduire les cheminements aussi bien logiques qu’expérimentaux ayant permis d’aboutir aux résultats controversés, permet justement d’empêcher que ces forces d’inertie ne paralysent complètement la recherche. Que de tous nouveaux résultats ou des découvertes s’opposant à des théories faisant un large consensus ne soient pas immédiatement acceptés est en fait normal. C’est aux chercheurs apportant ces nouvelles connaissances de démontrer scientifiquement qu’elles tiennent la route. Il est rare que des chercheurs ayant réussi à faire la preuve du bien-fondé de leurs travaux rencontrent une opposition complète et persistante de l’ensemble de leurs pairs. Et même s’ils peuvent être confrontés à de fortes résistances, liées à des intérêts moins scientifiques qu’institutionnels, professionnels, voir personnels, ils sont rarement tous seuls. Généralement, ils arrivent à convaincre au moins une partie de la communauté qui les soutient alors dans leurs efforts et peuvent même faire barrage aux éventuelles tentatives d’obstruction venant de mandarins ou de personnalités directement concernées par cette concurrence.

Cette discussion est intéressante parce qu’elle permet de montrer que la méthode scientifique demande une rigueur intellectuelle et une force de caractère dont on ne se rend pas toujours compte. Elle impose de se battre non seulement contre des croyances largement répandues, parfois conçues comme de véritables doxa (vérités communément acceptées), mais aussi contre soi-même et ses propres a priori. C’est particulièrement vrai dans le cadre des sciences sociales et humaines, parce qu’elles sont tellement imbriquées dans des considérations morales et politiques. Mais, les sciences dures n’échappent pas non plus à ses considérations, loin de là. Cependant, le fait qu’elles abordent des “objets” non-humains plutôt que des “sujets” appartenant à notre espèce, lui permet d’échapper plus facilement à ces biais. On s’identifie quand même moins facilement à des atomes, des bactéries, des plantes ou même des grands singes qu’à d’autres humains, notamment parce que ces derniers peuvent répondre directement aux chercheurs (et éventuellement, leur coller des procès en cas de dérapage déontologique grave!).

Hommes de science. Par Sir John Gilbert, et Frederick John Skill, William Walker, et Elizabeth Walker (née Reynolds), 1858-1862. Source: Wikimedia. Crédits: National Portrait Gallery de Londre.

14 thoughts on “Sur un fil de la toile #10-18 | Discussion sur la réalité de la méthode scientifique

  1. Yvan Dutil says:

    Je vais essayer de trouver le temps d’en écrire un sur le mécanisme de la pseudoscience d’ici peu sous le même format.

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    • c’est peut être possible à 95% de séparer le bon grain de l’ivraie, mais dans les 5% il y a l’Amérique, l’aviation, la tectonique des plaques, la Chine de Marco Polo, hygiène hospitalière, les quasi-cristaux, et… . faut’ils tuer les cygnes noirs inimaginables pour éviter de se faire pigeonner? ou prendre le risque en connaissance de cause? douter du certain, et laisser une chance à l’impossible, sans s’y ruiner?

      La philosophie de Taleb est qu’il ne faut pas imaginer avoir la capacité de séparer le bon grain de l’ivraie, autrement que sur le tas.
      Un technique que je vois souvent aussi pour accuser un domaine de pseudo-science, ou le prétendre vérifier, et de manipuler les affirmations…combien de fois vois t’on une découverte ridiculisé (par un groupe dominant ou minoritaire) en disant “pas de preuve”, alors qu’il y en a, ou le contraire… petit quand c’est gros… ou le contraire … est-ce possible de tenir un raisonnement quand on est sujet à illusion collective?
      Il y a bien le “capacité de prévoir”, mais je vois bien que ca n’est jamais respecté quand il y a une préférence. Soit on tolère une erreur de prédiction avec de fausses excuse, soit on rejette de bonnes excuses avec mauvaise foi…

      Ça rejoint des discussion de politique fondamentale, ou s’affrontent ceux qui pense qu’il est possible de décider intelligemment d’une stratégie optimale, et ceux qui disent qu’il faut laisser divers acteurs tenter leur chance et se planter…
      Commande optimale contre algorithmes génétiques. Je sais ce qui marche sur les systèmes complexes, et sur les simples.

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      • Bonjour,

        Merci de votre passage sur mon blog et de votre commentaire!

        Je dois avouer que j’ai un peu du mal à suivre votre propos et votre raisonnement. En partie parce que vous faites références à des exemples sans forcément expliquer pourquoi. Je ne comprends ainsi pas très bien ce que vous cherchez à illustrer en alignant des exemples disparates comme “l’Amérique, l’aviation, la tectonique des plaques, la Chine de Marco Polo, hygiène hospitalière, les quasi-cristaux, et…”. Et que voulez-vous dire par “cygne noir”? Vous parlez de charlatans ou simplement de gens vilipendés pour avoir osé aller contre une doxa?

        Je ne connais pas Taleb, mais si je saisis ce que vous en dites, il estime que l’on ne peut pas distinguer entre un charlatan et un chercheur sérieux? Cela me paraît un peu bizarre, parce que cela signifierait que nous ne serions alors jamais sûrs de rien.

        Quant à cette histoire de prévision qui ne serait pas respectée, là aussi, j’ai du mal à comprendre ce à quoi vous pensez. Faites-vous référence au fait qu’une théorie, pour être admise comme scientifique, doit pouvoir prévoir les résultats d’expérience selon un protocole donné? Il me semble pourtant que celles qui ont été incluses dans le corpus de connaissances scientifiques considérées comme admises répondent bien à ce critère.

        Quant aux politiques de recherche, je n’ai pas l’impression qu’elles se limitent à un choix entre ces deux seules options qui seraient soit un laisser-faire généralisé accordé aux chercheurs, soit un encadrement planifié et rigide.

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        • L’amérique a été découvert suite a un calcul erronée de la circonférence terrestre (qui était pourtant connue).
          Les vols décisisf des frères wright ont été traité de fraudes par les grandes revues comme SciAm pendant 5 ans avant d’être accepté, un an après que la technologie ait été vendue en France.
          La tectonique a été ignorée longtemps… alors que les preuves géologiques étaient claires, et le mécanisme connu mais oublié.
          Marco polo a été ridiculisé.
          Semmelweis, malgré ses statistiques détaillées, et les faits connus par les femmes illettrées, a fini sa vie de la maladie qu’il combattait dans un asile de fou. et c’est quand la théorie de la génération spontanées a été enterrée que ses idées sont réapparues comme évidentes.
          les quasi cristaux ont été ridiculisé, virén, interdit de publications de facto avant tout par le patron et genial chimiste Linus pauling pendant 10 ans jusqu’a la mort de pauling, malgré des réplications.
          j’ai oublié le réacteur nucléaire qui n’aurait pas du être stable si la théorie était respectées, mais ils ont tenté et leur erreur de calcul (oubli que le temps de réponse thermique était plus long que la réaction neutronique) a été compensée par un coup de pot, les neutrons retardés.

          Taleb dit a peu près ca.
          Kepler était un astrologue. newton était alchimiste et un “salopard”, intégriste qui détestait le calcul différentiel de Leibnitz, et les lentilles achromatiques et a abusé de son pouvoir pour les bloquer. Parlons pas de Montanier, Josephson, Alègre…

          si on devait virer les scientifiques allumés, ceux qui ont été ou deviendrons illuminés, ceux qui étaient pris pour des clowns, il resterait plus beaucoup de prix nobels. Quand a de grands scientifiques sérieux qui ont participé a des hallucinations collectives…

          sur les prévisions, effectivement la qualité d’une théorie est liée à se sprévisison.
          en sortant de la zone facile qui est sans intérêt, je vois quelques théories dont J’observe que parfois les prévisions sont fausses sans remettre en cause la théorie, voir les projets et les pratiques. En science économiques, médicales et sociales, sachant que pour les sciences dures, c’est plus rare et on préfère ignorer et rejeter les résultats le temps de les intégrer, ou les désintégrer proprement (avec des arguments compatibles avec le corpus théorique et méthodologique, éventuellement mis à jour). Je note aussi une tendance a réécrire l’histoire en rose. (NB: le patron d’Opéra a été viré/démissionné, comme Shechtman, Bockris,).

          Un des apport de Taleb est qu’il avance que le progrès viens des praticiens de terrain, et que ce fait est cachés via une réécriture de l’histoire, qui pousse une vision téléologique de la découverte, là cou comme les spécialiste de l’innovation le disent, c’est par essais erreur dans un contexte de pratique que se font les découvertes.

          eh non, il n’y a pas que la fusion froide, qui n’est qu’une tragédie de plus (vous l’apprendrez plus tard, quand ce sera réécrit), avec des grands scientifiques, le genre qui avaient un manuel de calorimétrie à son nom, devenus rapidement les cibles d’enquêtes de moralités, de blagues sordides, et obligés de démissionner… des mythes avancés comme certitudes et jamais remis à jours, malgré les faits. Cette histoire est habituelles… Shechtman a été viré et c’est dur de l’admettre pour certain, qui racontent une histoire a l’eau de rose comme Taleb le prétend…

          Repérer un clown, c’est peut être possible, mais c’est un risque grave de rater une révolution.

          Plus généralement, tout ça me semble éloigné de la réalité, de la pratique, de l’histoire avant réécriture.

          Il est vrai que cette illusion collective, cet éléphant dans le salon, est exploité par tout est escrocs pour vendre leur soupe.
          Mais la lutte contre ces escrocs est aussi exploitée par les marchands de certitudes pour vendre leur soupe.

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          • Yvan Dutil says:

            Encore une erreur historique. Pour faire financer son voyage par la couronne d’Espagne, Christophe Colomb a utilisé la plus petite circonférence de la Terre et la plus grande extension à l’est de l’Asie qu’il a pu trouver dans la littérature de son temps. Ce n’était pas une erreur, mais un choix volontaire.

            C’est une histoire semblable dans le cas des frères Wright. Ils se sont couper du monde de peur de se faire voler leur idée et refusaient de faire des démonstrations avant d’avoir une promesse de contrat d’achat. De plus, les premiers prototypes étaient terriblement instables. Ce n’est qu’en août 1908, qu’ils ont fait une démonstration publique, ce qui les a rendu automatiquement célèbre. Difficile de reconnaitre les compétences de quelqu’un qui se cache.

            Même chose pour l’histoire des quasicristaux. L’existence des quasi-cristaux a été reconnue officiellement en 1992 par l’Union internationale de cristallographie. Le premier papier sur les quasicristaux a été publié fin 1984. Donc on a 8 ans entre l’annonce d’une découverte révolutionnaire et sa reconnaissance formelle par la communauté scientifique. La reconnaissance pratiques avait certainement eu lieu encore plus tôt. En fait, quelques minutes de recherche dans la littérature scientifique montre que c’était un champs de recherche établie après 3-4 ans. Pour ce qui est du conflit avec Pauling, il est intéressant de noter que Pauling lui-même se plaignait que son interprétation classique avait du mal à se faire publier face aux explications exotiques des quasicristaux (http://paulingblog.wordpress.com/2012/05/09/the-pauling-theory-of-quasicrystals/)

            Bref, il est évident que tu interprètes l’histoire d’une façon qui te convient. En passant, j’ai lu Black Swan de Taleb. Clairement, tu surinterprètes le texte à tes fins propres.

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          • On sur/sous-interprète chacun.
            Shechtman a plutôt l’ai de l’avoir mal pris.
            Il est vrai que j’ai mélangé les dates (84/94)et que Pauling a été son principal opposant, et pas très suivis.
            Shechtman, n’est peut être pas le vilain petit canard ignoré, sauf par Pauling, qui a fait seul ce que d’autres ont fait en groupe.

            quand aux frère Wright en creusant, c’est une réécriture de leur histoire de dire qu’il se sont beaucoup cachés. Il y avait des démo publiques, jamais relayées, dont on exagère a souhait le coté secret.
            c’est vrai que entre leur interdiction de photographier et les certitudes à la Kelvin que le vol humain contrôlé était impossible, (et le plantage de nombreux projets) l’information n’a pas été relayée, et quand relayées, pas acceptée.

            pour mettre une bémol et expliquer il semble qu’il faille séparer d’un coté une communauté hétéroclite d’individus près à tout pour se différencier, avec des ambitions, des marottes, des folies douces… et de l’autre une superstructure de gardien de la sagesse, de la tradition, comme Kelvin ou Pauling.
            Il y a aussi à la source de pas mal de rejets des questions sociologiques (académiques/praticiens, physiciens/chimistes, médecins/chimistes, psyX/médecins) qui posent des problèmes d’acceptation.

            un autre effet que j’ai observé, au delà de la zone scientifique c’est le rôle toxique de la société civile, des médias, des ONG/politiques/religions.

            Des semi-scientifiques avec le pouvoir de décider de projets scientifiques, soit vendent leur soupe (idéologies, lobbies), soit se sentent investi de la mission de protéger la science de ses ennemis… la mise en cercle des chariots dans une domaine aussi surprenant est capable de ralentir les changements de quelques années ou décennies.

            Les médias sont capable de donner de fausses espérance, puis pris la main dans le sac, ils se font passer pour de douces colombes en blacklistant un domaine stigmatisé… Et les politiciens suivent dans les deux cas.

            C’est vrai que si on regarde un sujet après la bataille, on peut retrouver une chaîne d’article confidentiels montrant qu’une communauté y travaille de façon continue.
            Ce qu’on fait rapidement disparaître ce sont les oppositions intenses à ces travaux.
            Je peux déjà prévoir comment certaines histoire seront réécrites, exploitant la nature incontrôlable de la recherche.

            Que ma vision inquiète soit réelle ou que l’ouverture et le chaos créatifs règnent comme vous le dites, ce qui est certain c’est qu’il faut laisser une grande liberté de chercher, même là ou c’est interdit.

            Je me souvient sur un sujet scientifique sensible qu’on avait proposé une loi mémorielle (type révisionnisme) contre les positions hérétiques, et là il semble que dans une mesure plus modeste la position officielle se soit déjà un peu amendée dans le sens hérétique.

            La vérité se défend toute seule. Elle marche, elle aide a fabriquer, elle se finance, elle se vend. Il ne faut juste pas la tuer dans l’œuf.

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      • Yvan Dutil says:

        Vous répétez toujours la même réinterprétation biaisée de l’histoire scientifique, parce qu’elle sied votre perception de la situation de la fusion froide. J’ai entendu exactement le même genre d’arguments pour toutes les pseudosciences et toutes les théories semi-crackpot en physique. Or, du moment qu’il y a de vraies bases scientifiques, cela n’a jamais rien empêché.

        Je me souviens de la découverte de la première planète extrasolaire: 51 Peg. La présence d’une Jupiter chaude était totalement incompatible avec la théorie. Je participais à une conférence scientifique en astrophysique ce jour là. L’opinion de plusieurs était que l’on avait plutôt affaire avec une étoile binaire évaporée ou fortement inclinée sur son orbite. Quand les données se sont accumulées, la réalité du phénomène a été confirmé et les modèles de formation planétaire ont été revus.

        Autre exemple, quand l’expérience OPERA a annoncé qu’elle aurait découvert des neutrinos superluminiques, la communauté scientifique a répondu avec scepticisme. Dans les deux semaines qui ont suivies, j’ai compté 175 articles publiés sur arxiv sur ce sujet. Une bonne majorité suggéraient une source d’erreur potentielle, un certain nombre montraient l’incompatibilité de ces résultats avec la théorie et d’autres expériences, mais il y avait aussi certains articles qui montraient que cette observation était compatible avec certaines théories de la physique des particules. Cela démontre clairement selon moi que toute prétention de suppression d’idées dérangeantes en sciences est fondée sur une lecture très sélective de l’histoire.

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        • le patron d’Opéra a du démissionner. c’est étrange.

          Il faut bien séparer la foule des chercheurs, avec ceux qui essayent de vendre leur théorie préférée, et l’opinion dominante qui décide de ne pas financer hors d’un cadre précis.

          c’est une chose de jouer avec des théories, mais si vous cherchez un financement ou une publi dans Nature, sur un sujet “interdit”, c’est autrement plus difficile.

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    • oui, et ca pousse pas mal de post-docs a émigrer là où on ne leur volera pas leurs papiers.
      Par contre les USA concentrent pas mal de labo de référence, de décideurs de revues, et de budgets de recherches alléchants, capables d’orienter de façon intense les financement, les relectures, les prix, et donc d’ostraciser et pousser à ostraciser.
      Mais c’est vrai que même quand l’ostracisation est intense, et l’occultation presque parfaite, il reste des communauté actives, mais isolées (revues, conférences, financements, média).
      Aux USA il existe des labos privés, une culture de garage et de startup. En France on trouve l’équivalent sous forme de niches nécessairement discrètes dans les grands labos, mais pas de capital risque. Par contre les ONG financent bien les trucs qui les arrangent, et les politiciens ont leurs danseuses…
      C’est aussi vrai pour ce qui se révèle être des percées scientifiques et industrielles, que des pseudo-science indémodables.

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      • Re-bonjour!

        Euh….je ne suis pas sûre qu’il y ait moins de plagiats des travaux de jeunes chercheurs par des universitaires bien établis aux USA qu’en Europe. Chaque année, il y a des milliers de papiers qui sont retirés des catalogues des revues académiques pour raison de fraude, dont fréquemment de plagiats (ou d’auto-plagiat, ça existe aussi). Et d’autres ne sont même pas publiés parce qu’on se rend compte au cours de la relecture par les pairs qu’ils ont été plagiés. J’ai ainsi un exemple d’un doctorant à qui on a demandé de faire la relecture d’un papier destiné à paraître dans une revue canadienne, et qui a été stupéfait d’y retrouver une partie de….son propre travail de master!

        Pour ce qui est de la promotion d’un projet de recherche, même si une partie des milieux universitaires restent encore souvent enracinés dans le sol national, le reste évolue dans une sphère transnationale, ce qui fait que s’ils ont du mal à se faire entendre dans une institution, ils vont alors voir dans une autre à l’étranger.

        Ensuite, concernant le pouvoir de l’argent sur l’orientation de la recherche académique, même s’il est vrai que la logique du commandeur-payeur s’applique aussi dans cet univers, il se trouve que les sources de financements sont suffisamment diversifiées pour que celui qui a du mal à trouver des fonds auprès d’une instance en particulier puisse se tourner vers une autre. Certes, le “fund raising” prend effectivement de plus en plus de temps aux chercheurs, en grande partie parce que les institutions publique se sont beaucoup désengagées, et la compétition s’est fortement accentuée du fait que le nombre d’universitaires a simplement explosé en quelques décennies. Surtout, la course aux finances est désormais planétaire. Or, les fonds publics, comme je l’ai dit, se sont amenuisés, et les sources privées n’ont pas augmenté proportionnellement au nombre de projets de recherches. Du coup, la concurrence est extrêmement rude.

        Mais, réduire l’attribution de fonds uniquement à des relations de camaraderies, de mandarinat, voir de corruption, me semble un peu trop simple. Lorsque des industriels financent des projets, ils en attendent quelque-chose de concret et qui fonctionne, sans exploser à la figure des usagers (ce qui leur rapporterait des procès). Une entreprise ne va donc pas donner de l’argent à un grand ponte qui développerait soudainement des idées saugrenues et anti-scientifique simplement parce que le PDG est copain avec lui. Même dans le cas d’attribution d’argent public, les scientifiques passent généralement devant des panels, constitués de représentants de diverses institutions, pas forcément aux mêmes objectifs, ni même amis. Ce qui les met d’accord, alors, est la capacité de l’équipe scientifique à démontrer que son projet tient la route. Et le meilleur moyen de le faire est encore de prouver qu’il fait sens d’un point de vue scientifique.

        Concernant les grands labos, qui dépendent généralement de fonds importants, aussi bien publics que privés, généralement, on voit qu’ils tendent à favoriser des sujets à la mode, qui passent bien dans les médias. Mais, cela ne signifie pas que les projets ainsi financés ne tiennent pas la route scientifiquement parlant. Mais, il est vrai que ce biais, résultant aussi de l’obligation de rendre compte au grand public de leurs activités de recherche (et de la manière dont cet argent est dépensé), peut freiner des recherches fondamentales, moins sexy et dont on ne sait pas encore si elles déboucheront sur des découvertes prometteuses, surtout d’un point de vue industriel et financier. C’est un vrai problème, récurrent d’ailleurs, et qui est plus lié au fonctionnement institutionnel qu’à un défaut de la méthode scientifique.

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        • Coté financement privé il faut séparer le financement industriels d’innovation modeste, avec résultat attendu… et le vrai capital risque à la californienne avec plantage assuré ou presque (la chasse au cygne noir, l’improbable imprévisible car jamais vu). Ce dernier peur pousser à de vrais percées scientifiques, mais pas selon la méthode habituelle.

          Coté gouvernement, la prise de risque a disparu de plus en plus avec le pire du style financement privé à court terme, sur des résultats attendus, la concentration en big-science, et l’effet de mode.
          Il reste un vieux système plus “ancien régime” moins surveillés, mais peu financé pour des recherches moins ciblées. Ca laisse des niches irrationnelles, parfois intéressantes.
          Et il y a les ONG/politique/religions qui entrent dans le financement, où la prise de contrôle, de la recherche, avec des buts idéologiques.Un vrai danger a mon avis, si on ne vois pas le conflit d’intérêt, surtout avec les groupes sympathiques et non commerciaux qui semblent innocents.

          Pour le plagiat, je parlais plutôt de la pratique de reprise de l’article par “le maître”(en France), pas de plagiat. dans l’industrie il y a aussi le “vol de paternité de brevet” par le patron, et le contournement de brevets PME par les grands groupes (j’ai des exemples, dans les deux cas). Tout ca écœure les innovateurs en France. Aux US ils font plus attention à ça, mais c’est féroce.

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