Je viens de tomber sur un article de Jean-Laurent Cassely pour Slate.fr relatant la sortie récente de la traduction française d’un nouvel ouvrage sur l’histoire du journalisme et des technologies médiatiques. Intitulé The Influencing Machine: Brooke Gladstone on the Media dans sa version originale, et La machine à influencer : Une histoire des médias, en français, il a été rédigé par Brooke Gladstone, spécialiste de l’analyse des médias pour la National Public Radio (que l’on peut comparer à Radio France, bien qu’il existe aussi de sérieuses différences entre les deux institutions) dont elle anime l’émission On the Media.Il est à noter que l’ouvrage traduit dans la langue de Molière a été préfacée par Daniel Schneidermann, le créateur et animateur de la célèbre émission d’analyse des médias, @rrêt sur images, initialement diffusée sur France 5, avant qu’elle ne migre sur le Web.
Deux aspects rendent cette publication un peu particulière. D’une part, elle se démarque apparemment assez fortement des rengaines sur l’omnipotence des médias, à la solde d’un obscur pouvoir politique qui manipulerait ainsi les masses, encore très populaires dans certains courants de pensée politiques se voulant “critiques”, mais tournant généralement plutôt au dénigrement de ce qui est simplement différent de ce à quoi leurs auteurs sont habitués. Elle s’intéresse notamment à la manière dont les modalités de réception médiatiques des divers publics contribuent à façonner le fonctionnement des industries de l’information et du divertissement, alors que trop souvent, les approches dites “critiques” ont tendance à postuler l’existence d’un public naïf et innocent qu’il faudrait sauver de l’aliénation. D’autre part, elle se présente sous la forme d’une bande dessinée satyrique, avec l’auteur, elle-même journaliste, se mettant en scène de manière sur un mode d’autodérision. Alors, évidemment, on me dira qu’il est impossible de traiter d’un tel sujet de manière approfondie en ayant recours à un tel mode d’expression, qui se caractérise essentiellement par des dialogues, généralement de longueur et de profondeur limitée, et du dessin, lequel ne pourrait pas rendre la complexité des idées de manière aussi précise et efficace que les mots. Pourtant, il suffit de lire l’extrait, publié sur Scribd par Slate qui en a reçu la permission, pour se convaincre que cette “bande dessinée” arrive parfaitement à traiter de ce sujet complexe sans le caricaturer, tout en gardant un ton léger et parfois même badin. En effet, le dessin permet d’aller directement au cœur du sujet, en montrant de manière parfois amplifiée les éléments les plus importants des arguments de l’auteur. Les multiples études scientifiques sont citées et expliquées sur un mode où l’auteur s’adresse directement au lecteur, son alter ego bdesque le regardant presque droit dans les yeux.
Sur cette base, il me semble donc que cet ouvrage est recommandable à toute personne, étudiant, enseignant, chercheur ou simple lecteur intéressé par le sujet.
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