Sur un fil de la toile #6-1 | Quand l’alterjournalisme rencontre l’alterscience

Dig_In_transCe billet porte sur une vieille affaire, remontant à 2007. En mesure du temps Web, autant dire la Renaissance (les premières années 2000 pouvant représenter son moyen-âge, la seconde partie des années 90, la basse antiquité, la période allant des années 70 à 90, la haute antiquité et avant, c’est carrément la période du Néandertal digital!)! Bref, ce n’est pas vraiment tout frais. Je suis tombée dessus, il y a quelques semaines, alors que je parcourais le dossier que le site de l’AFIS consacre aux OGM. C’est ainsi que j’ai entendu parler pour la première fois de la journaliste Marie-Monique Robin (MMR) et de ses documentaires. L’article en question portait sur l’un d’entre eux, Le monde selon Monsanto, que je n’ai pas encore vu, mais je suppose que je n’hésiterai pas s’il est re-diffusé une fois à la TV, sur une chaîne à laquelle j’ai accès [EDIT du 15 mai 2013: Je l’ai enfin vu lors d’une re-diffusion récente sur ARTE et je dois dire que je comprends encore mieux les critiques adressées à MMR par les auteurs de cet article. Ce documentaire est entièrement à charge et ne présente que les éléments permettant de corroborer la thèse de départ de la journaliste. Celle-ci à beau jeu de prétendre qu’elle aurait tenté de contacter Monsanto pour un entretien, il n’est pas étonnant qu’ils n’aient pas voulu donner suite à ses demandes, vue la manière dont le film est monté!].  Interpellée par les critiques exprimées par certains membres de l’AFIS, j’ai décidé de voir si par hasard elle leur avait répondu et si oui, quelle avait été la teneur de sa réponse. Autant dire qu’elle leur a répondu et pas qu’un peu, comme on dit chez nous! Malheureusement, à mon sens, sa réplique est loin d’être à la hauteur. Se drapant dans le costume de la grande intellectuelle parisienne bardée de prix et de titres de reconnaissance publique à qui on ne la fait pas, elle se retrouve alors à confirmer, à son corps défendant, les reproches que lui adressent les deux scientifiques qui ont traité de son documentaire sur Monsanto.

En effet, dans ses propos, MMR révèle une posture relevant moins du journalisme que de ce que j’appellerais du journalisme parallèle,  une qualification reprenant la ligne de pensée de Marcel Kuntz qui parle, dans un autre article, de science parallèle.  Si la science parallèle ou l’alterscience (selon Alexandre Moatti) consiste essentiellement en une attitude militante qui se pare de certains oripeaux attribués à la science, notamment l’affichage des titres universitaires et l’emploi d’un jargon complexe, le journalisme parallèle ou alterjournalisme, lui,  singe les attitudes  propres à cette profession, notamment le doute et la circonspection vis-à-vis de ce qui se présente comme une évidence ainsi que l’exigence d’investigation, mais en les mettant au service d’un agenda politique ou d’une cause spécifique. De ces deux approches découlent un certain nombre d’implications communes: l’affirmation d’une position solitaire ou fortement minorisée face à un establishment dominant, la prétention à détenir une vérité que la majorité refuserait par dogmatisme et corporatisme, la proclamation d’un combat contre la corruption qui rongerait la profession et les cercles de pouvoirs auxquels elle serait connectée par certains membres influents, et la dénonciation de complots visant à faire taire ceux qui refusent de se soumettre. De manière générale, dans les deux cas, on observe une mise en veilleuse de l’esprit critique et une activation de préjugés et d’à-prioris qui servent alors de principal guide de réflexion et d’approche du monde.  L’échange acrimonieux entre l’AFIS et MMR me semble apporter une illustration particulièrement éclairante de la manière dont certains journalistes militants, particulièrement assidûs, abordent le débat public.

Edit du 22.11.2013: Wackes Seppi, un autre citoyen de la mouvance sceptique qui me fait l’honneur de passer parfois par ce blog et qui suit depuis longtemps les activités de MMR, s’est lui aussi attaché à analyser sa rhétorique dans un billet presque aussi long que le mien!

1. Confusion (volontaire) entre analyse et dénigrement, esprit critique et esprit partisan

Plus spécifiquement, les scientifiques militants ou alterscientifiques s’orientant en fonction de leur boussole idéologique ou politique, prétendent que derrière un consensus de façade, il n’y aurait pas de réel accord sur tel ou tel sujet,  au sein de la communauté scientifique, mais plutôt l’imposition à celle-ci d’une pensée dominante par des pontes, soutenus par le pouvoir économique et politique. Ils en veulent pour preuve les fréquentes polémiques, parfois féroces, qui peuvent agiter les facultés ou même des groupes entiers de chercheurs au sein d’une discipline, dont les médias ne parlent pas forcément, car trop éloignées des préoccupations attribuées au citoyen moyen.  Ils se présentent alors comme des voix divergentes, parfaitement légitimes d’un point de vue aussi bien scientifique que civique. Que leurs thèses ne soient pas cautionnées au niveau de la communauté des chercheurs ou seulement par quelques collègues ne constituent, selon eux et ceux qui les soutiennent, qu’une preuve de plus de la domination d’un establishment jaloux de ses prérogatives. Dans cette optique, toute méta-analyse ou étude qui ne va pas dans leur sens ou même réfute leurs conclusions est écartée d’un revers méprisant de la main comme autant de symptômes du complot ourdi contre eux pour les discréditer.  Ils en déduisent  ainsi que le nombre d’infirmations ou de réfutations de leurs idées est proportionnel à l’ampleur de la cabale lancée contre eux.  Ces raisonnements débouchent alors sur une vision d’un monde scientifique divisé en deux, dans lequel s’opposent une minorité de frondeurs indépendants et citoyens, qui ne s’en laissent pas compter, et une majorité de scientifiques conformistes et soumis à un mandarinat, lui-même vendu aux intérêts des puissants.  Il en découle que pour les tenants de cette vision, seuls quelques chercheurs peuvent vraiment revendiquer le titre de scientifique, les autres n’étant en réalité que des imposteurs, tentant par tous les moyens de se maintenir à leur place. Le cas tout récent de la fanfare médiatique autour des résultats d’une étude du professeur Gilles-Éric Séralini, qui a lui-même organisé cette opération de communication, en constitue un exemple flagrant et symptomatique. Dès les premières interrogations ou objections sur certains points de son expérience sur les effets du maïs OGM NK 603, soit le lendemain de la publication de son article, le professeur s’est présenté comme une victime d’un lobby scientifico-industriel, relayé par des confrères qu’il soupçonne évidemment d’être à la solde de Monsanto.

La posture de journaliste militant ou d’alterjournaliste se fonde, elle, sur une vision du monde assez manichéenne, divisé entre les puissants et les faibles, les bourreaux et les victimes, les pouvoirs publics et privés, et le peuple, à qui les premiers cacheraient divers scandals le concernant pourtant directement. Le rôle du journalisme est donc de révéler ces complots en donnant la parole aux victimes (présumées) réduites au silence par le pouvoir de certains. La démarche consiste alors à collectionner les témoignages sous formes de paroles et d’images, et à aller à la pêche de toute expertise qui les confortent. Tout ce qui contredit les propos de ceux considérés comme des victimes est automatiquement suspecté de collaboration avec les bourreaux. De fait, le/la journaliste qui adopte cette attitude abandonne en grande partie son esprit critique, pour le remplacer par un esprit partisan qui ne doute que des informations venant de l'”autre bord”, soit de tout acteur tenant un discours contradictoire. Les démonstrations se fondent sur l’accumulation de témoignages personnels, pas toujours recueillis de manière très rigoureuse ou cohérente,  mais qui donnent un effet de masse (si tant de monde le dit, c’est que ça doit être vrai, quelque-part….) et obéissent avant tout à une grille de lecture souvent mal assumée. En effet, l’alter-journaliste ne dit pas exactement d’où il parle, se présentant, à l’instar des alter-scientifiques d’ailleurs, comme un franc-tireur et un libre-penseur, qui n’aurait peur d’aucun tabou, une garantie supposée d’objectivité et d’indépendance. Si l’on comprend très vite qu’il se met au service des “sans-voix”, des faibles et des opprimés, il n’exprime pas clairement quels sont ses a-priori de départ, ni même si ce qu’il a trouvé au cours de son enquête les confirment ou les infirment. Pour la simple et bonne raison qu’il va chercher essentiellement ce qui les corrobore ou, du moins, écartera tout ce qui les contredit. Il n’y a donc pas d’évolution réelle dans sa perspective entre le début et la fin de son travail, si ce n’est un renforcement de ses convictions de départ, lequel est présenté comme étant alors une conséquence logique de sa démarche. Il en résulte un refus absolu de se remettre en question et de justifier, auprès du public, l’angle d’approche et les modalités d’enquête journalistique.

Les propos de MMR sont, à cet égard, presque caricaturaux. En effet, exigeant que les acteurs scientifiques, industriels et politiques qu’elle met sur la touche rendent des comptes aux citoyens dont elle s’intronise porte-parole (merci de ne pas m’inclure, je ne me sens pas du tout représentée par ce genre de militante), elle ne supporte pas elle-même qu’on lui demande de s’expliquer sur ses propres préjugés et méthodes de travail. C’est ainsi que lors de la sortie de son film Le monde selon Monsanto, elle a publié sur son blog un Appel à la vigilance  enjoignant son public à opérer une sorte de veille du Web et à lui signaler tout papier sur Internet qui pourrait s’apparenter à du “marketing viral” destiné à jeter le trouble sur la validité de son [mon] enquête.  En tentant de faire passer toute critique de son documentaire pour des tentatives de déstabilisation ou d’intimidation, elle impose d’avance un cadre de réception manichéen: ou vous êtes avec elle, ou vous êtes contre elle, mais il n’existe aucune position intermédiaire.  Sachant que ses méthodes ont déjà fait l’objet de polémiques dans le passé, elle a ainsi tenté de se prémunir contre toute injonction à rendre elle-même des comptes.

Dans sa défense contre les reproches que lui adressent Marcel Kuntz (MK) et Michel Naud (MN), elle alterne entre plusieurs postures résultant d’une hybridation entre son propre alterjounalisme et les attitudes alterscientifiques des interlocuteurs qu’elle cite. L’une des tactiques les plus emblématiques de sa démarche, outre ses complaintes, consiste en une sélection et interprétation de témoignages selon une grille de lecture binaire rigide distinguant entre “bons” et “mauvais” scientifiques en fonction de la convergence de leurs vues avec les siennes. Les chercheurs qui ne partagent pas ses opinions sont alors aussitôt soupçonnés d’être influencés par l’industrie, voir de carrément travailler pour elle.  Un autre aspect marquant de son approche réside dans l’imprécision de ses propos, voir le flou absolu, etc., qui lui permet de mélanger des pommes et des bananes (OGM ou pas). Elle se contente aussi trop souvent de reprendre tels quels des propos qui confirment ses thèses, sans chercher à les vérifier ou à s’assurer qu’elle les a bien compris, ce qui est plutôt problématique pour quelqu’un se présentant comme une journaliste expérimentée.

De fait, l’ensemble de sa réfutation des reproches que lui adressent MN et MK est traversée par une ligne de fracture entre d’un côté ce qu’elle considère comme de la bonne science, menée par des “citoyens”, quelle que soit leur expertise réelle dans le domaine concerné, et de l’autre, ce qu’elle qualifie de science au-dessus de la mêlée, soit ce que d’autres appellent la “science officielle”, vendue à un complot techno-industriel et politique. Je propose ici d’analyser sa stratégie de défense telle qu’elle se déploie dans sa réponse à l’AFIS, en me concentrant particulièrement sur la manière dont elle embrigade certains scientifiques dans sa cause, généralement avec leur approbation, mais aussi parfois malgré eux.

2. Le libre-penseur indépendant en butte à un puissant establishment corporatiste

D’entrée de jeu, MMR pose le cadre victimaire de sa réflexion, se présentant comme une journaliste indépendante et libre, représentant le citoyen moyen, venant demander des comptes à la communauté scientifique.  En qualifiant l’AFIS d’association aux prises de position scientistes pures et dures et en l’accusant de soutenir aveuglément un establishment scientifique, dont elle [L’AFIS] estime que la parole et les travaux ne sauraient être questionnés par des citoyens aussi ignares qu’impies parce que non scientifiques, elle cherche surtout à disqualifier ses contradicteurs d’office. Ce qui est déjà plutôt mauvais signe de la part d’une journaliste supposée nourrir le débat, pas le tuer dans l’œuf, puisque, de cette manière, elle leur nie toute légitimité à s’exprimer sur ces question. Il devient alors ensuite évidemment difficile d’avoir un dialogue constructif, même contradictoire, avec quelqu’un qui ne vous reconnaît aucune crédibilité.

Son raisonnement se fonde aussi sur un grand classique des stéréotypes anti-sciences. En parlant de position “scientiste” pure et dure, soit d’une foi aveugle dans une science toute-puissante et une révérence béate envers les scientifiques, elle dresse des membres de l’AFIS le portrait peu flatteur de fanatiques, qui en plus, se feraient complice d’une élite qui prendrait les citoyens pour des idiots et serait bien décidée à défendre ses privilèges bec et ongles. A l’évocation de l’épithète “scientiste”,  apparaît évidemment le spectre de cette “science sans conscience” qui “n’est que ruine de l’âme” et son cortège de scandales politico-sanitaires, liés à des complots et des connivences coupables entre “scientistes” et entrepreneurs bourgeois sans scrupules. Et MMR d’énumérer une litanie d’affaires toutes différentes, mais mises commodément dans le même panier,  qui justifieraient alors une méfiance systématique envers ce qu’elle appelle la parole officielle des scientifiques surtout quand elle est liée aux intérêts des industriels. Le “surtout” ici doit particulièrement nous interpeller, car il révèle que, pour elle, des accointances avec le monde économique ne représentent qu’une raison supplémentaire de se méfier des scientifiques, mais de loin pas la seule. Les chercheurs et experts étant si peu fiables, elle leur oppose alors un attachement indéfectible au principe de précaution qu’elle transforme en refus absolu de tout effet secondaire négatif d’une technologie ou d’une industrie. En effet, il ressort de divers passages dans sa réponse à l’AFIS que, pour elle, la perspective du moindre risque potentiel constitue une raison suffisante pour arrêter une activité humaine. Or, le principe de précaution se base sur la pondération entre les avantages et les conséquences négatives qui peuvent en découler. Dans le cas où ses bienfaits sont jugés supérieurs à ses méfaits, ce principe impose alors de prendre les mesures nécessaires pour les limiter. Il ne peut donc être déclenché qu’après accumulation et évaluation d’un certain nombre d’expériences empiriques, pas simplement sur la base de fantasmes. Elle se fait ainsi la porte-parole de l’exigence de plus en plus répandue d’une certitude absolue de sécurité, comme l’illustre l’exclamation de Ian Pryme qu’elle cite dans son livre:  Les études toxicologiques fournissent une certaine assurance qu’aucun changement majeur ne s’est produit avec le soja modifié génétiquement… ‘ Je ne veux pas une ‘ certaine assurance ‘, mais une assurance à 100 % !

D’ailleurs, pour s’assurer que le lecteur a bien compris à quel genre de scélérats inconscients elle a à faire, elle enfonce le clou au coup suivant, en accusant MN et MK de n’avoir d’autres armes contre elle que la calomnie et la désinformation. Ainsi, elle reproche au premier de rappeler que l’un de ses documentaires, Voleurs d’yeux, remontant à 1995, avait fait polémique, et de se faire le relai de ceux qui, à cette occasion, avaient, selon son récit,  tenté de l’abattre (métaphoriquement) en lançant une cabale contre elle, dans laquelle même la CIA aurait été engagée! Pourtant, il suffit de lire le texte de l’AFIS pour se rendre compte que MN prend bien la précaution de préciser que lui et MK ne mettent nulle part en doute sa bonne foi et son honnêteté: Nous ne cherchons pas à identifier les motivations de l’auteure du reportage et ne lui prêtons aucune intention : seuls les propos tenus et rapportés dans le reportage sont traités. Dans leur résumé de l’affaire autour du documentaire Voleurs d’yeux (en notes de bas de page de leur article), ils n’accusent jamais l’auteur de manipulations ou de mensonges. Ils ne font que reprendre les propos du jury du Prix Albert Londres qui précisait, en décidant de conserver sa récompense à la journaliste, que « Marie-Monique Robin nous semble s’être laissée emporter par l’émotion, [qui] a contribué à influencer son regard et son langage. Son reportage est ainsi devenu une démonstration, l’illustration d’une thèse ». En réalité, l’AFIS ne lui reproche rien d’autre que de manquer complètement de distance critique et de se laisser guider par ses à priori, plutôt que par les faits.

Ainsi, en quelques phrases, la journaliste réussit à se présenter comme une héroïne du peuple, contre vent debout, tout en niant à ses contradicteurs toute qualification à la critiquer.  C’est même à se demander pourquoi elle prend le temps de répondre à leurs critiques de son documentaire Le Monde selon Monsanto.

Je ne vais pas ici analyser chaque réponse de MMR aux multiples reproches que lui font MN et MK, parce que ça allongerait inutilement ce billet, déjà bien étiré. Je me concentrerais donc sur quelques passages qui me paraissent particulièrement intéressants pour ce qu’ils révèlent du résultat de la rencontre entre l’alterjournalisme et alterscience sous une bannière militante commune. Je noterais cependant quand même que dans sa défense, MMR fait nombre de confusions qui peuvent rendre la compréhension de son cheminement difficile.

Ainsi, par exemple,  en expliquant ses démêlés avec un avocat et un journaliste colombien à l’occasion des polémiques déclenchées par son documentaire Voleurs d’yeux, elle arrive a se tromper de prénom pour ce dernier. Elle nous parle d’un certain José Mackenzie, alors qu’il s’appelle Eduardo! Il est notamment l’auteur d’un ouvrage sur les FARC, dénonçant leur méthodes terroristes: Les FARC ou l’échec d’un communisme de combat : Colombie 1925-2005. D’ailleurs, j’ai remarqué qu’elle jongle alternativement avec les deux prénoms dans les diverses mentions de cette histoire qui émaillent son propre blog. Elle accomplit même l’exploit de les utiliser les deux, en se référant au même épisode, dans un billet publié en deux parties [ici et ici]! Cela peut paraître complètement anodin, mais essayez de chercher des sources traitant de cette affaire dans un moteur de recherche avec la mauvaise information, et je peux vous assurer que vous perdrez pas mal de temps. Sans compter que pour se tromper ainsi sur le prénom de celui qui lui a intenté un procès qu’elle a pourtant gagné haut la main, elle devait être sacrément distraite ou alors confuse et peu préoccupée de précision!

Autre exemple, plus révélateur encore de son manque de rigueur:  dans la partie où elle accuse l’AFIS de s’être portée au secours de Monsanto lors des débats virulents autours du maïs MON 863, elle nous parle d’une décision du tribunal de Münich du 9 juin 2005 qui aurait obligé l’entreprise à rendre publique son dossier technique au sujet de cet OGM. Or, il s’agit de la Cour d’appel de Münster, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Münich étant en Bavière, comme chacun le sait. Oui, je sais, encore un détail, mais il m’a fallu une bonne heure pour comprendre pourquoi je n’arrivais pas à trouver d’autres sources à ce sujet que les multiples blogs et sites web d’associations anti-OGM qui ont simplement recopié ses propos (autant pour la rigueur des militants!). Ensuite, toujours concernant cette histoire, elle confond secret et confidentialité, laissant entendre que les données techniques des semences OGM de Monsanto seraient totalement inaccessibles à toute personne extérieure à la firme. En réalité, les experts des agences gouvernementales y ont eu accès sans problème, comme l’indique Biosicherheit.de,  le site d’informations sur la sécurité biologique du Ministère fédéral de la formation et de la recherche en Allemagne, dans un article du 24 juin 2005: Die EFSA sah sich gezwungen, am 24. Mai 2005 noch einmal zu erklären, ihre Sicherheitsbewertung stütze sich auf die vollständige, 1139 Seiten umfassende Fütterungsstudie. Danach sei der MON863-Mais „genau so sicher wie das konventionelle Pendant. [Trad.: Le 24 mai 2005, l’EFSA [acronyme anglais de l’Agence européenne de sécurité alimentaire] s’est vue contrainte d’expliquer à nouveau que son évaluation se basait bien sur l’intégralité des 1139 pages du rapport des études d’alimentation des cobayes . C’est ainsi que le maïs MON 863 a été déclaré tout aussi sûr que son pendant conventionnel.] Le fait que Monsanto ne souhaite pas rendre public le détails de ses données ne signifie pas que l’entreprise aie forcément quelque-chose à cacher aux consommateurs, simplement qu’elle ne veut pas livrer à ses concurrents des informations sensibles.  Il en découle que les citoyens sont effectivement obligés de faire confiance à leurs agences gouvernementales.  D’ailleurs, les sociétés produisant ces semences OGM n’ont pas non plus d’autres choix que de se fier à la capacité des experts de ces organes d’état à respecter les clauses de confidentialités et à ne pas aller livrer ces secrets commerciaux à des entreprises concurrentes. En consultant le site de l’EFSA, on tombe aussi sur un communiqué de presse, daté du 24.05.2005, qui fait état d’une confusion par certaines associations entre deux séries de tests distincts pour deux types de maïs génétiquement modifiés, produits par Monsanto, dont seul un avait reçu le feu vert de l’agence (le MON 863).  De fait, il apparaît que MMR a vraiment pris pour argent comptant les propos de Greenpeace et de G.-E. Séralini (oui, de nouveau lui) sur cette affaire, sans aller vérifier plus loin. Et c’est bien cela qui lui est reproché.

3. L’alterjournalisme et l’alterscience unis dans le militantisme

Ceci dit, je voudrais maintenant passer aux exemples de scientifiques qu’elle évoque et qui auraient, selon elles, subi des cabales organisées par des réseaux politico-scientifico-industriels, afin de les faire taire, parce qu’ils auraient découvert que les OGM sont nocifs pour la santé des animaux d’élevage et pour les hommes. Ce sont de véritables cas d’école de construction de martyrs par les militants anti-OGM. On tombe alors dans les théories du complot et donc, le doute permanent, puisque toute affirmation qui ne corrobore pas leurs a priori est immédiatement qualifiée de mensonge ou de manipulations.

L’affaire “Arpad Pusztai” ou le “lanceur d’alerte” seul face au mandarinat corrompu

MMR évoque d’abord l’affaire “Arpad Pusztai”, du nom d’un biochimiste d’origine hongroise qui travaillait au Rowett Institute of Health and Nutrition à la fin des années 90.  Ce chercheur, qui étudiait alors l’effet d’une variété de pomme de terre transgénique sur des rats, s’est retrouvé au centre d’une polémique médiatique, institutionnelle et scientifique qu’il a lui-même déclenchée, en allant s’exprimer à la télévision sur la série d’expériences qu’il était en train de mener. Elle accuse MK de dénigrer le rapport de cette étude, publié dans le Lancet quelques mois après que le tintamarre médiatique soit retombé et donc, de rallumer, sur le tard, la flamme d’une cabale qui aurait mené à l’éviction du chercheur.  Elle avance même l’hypothèses de pressions qui se seraient exercées sur le directeur de l’institut, de la part de….Tony Blair et Bill Clinton en personnes! Rien que ça. Naturellement, ses sources étant totalement anonymes, il est impossible de vérifier ces assertions et on doit la croire sur parole. En réalité, quand on s’intéresse d’un peu plus près à cette histoire, on s’aperçoit que MK n’invente rien du tout et qu’Arpad Pusztai s’est bien royalement pris les pieds dans le tapis. En effet, MMR passe comme chat sur braise sur le fait que le chercheur a fait part publiquement de résultats qui n’étaient probablement que préliminaires, puisqu’il n’avait pas encore terminé ses expériences, prenant alors le risque de déclencher une véritable tempête publique, puisqu’à l’époque (en 1998), la question de la nocivité éventuelle des OGM étaient déjà régulièrement amenée sur le devant de la scène par des associations écologistes. Or, la déontologie scientifique veut que l’on partage ses résultats d’expérience avec ses pairs avant de déclencher un cirque médiatique, afin de pouvoir s’assurer que ces résultats soient valables et statistiquement significatifs.  En allant bille en tête devant la TV pour proclamer qu’il ne mangerait lui-même jamais de nourriture à base d’OGM et qu’il trouvait particulièrement injuste d’utiliser les concitoyens comme cobayes [“very, very unfair to use our fellow citizens as guinea pigs“], il a non seulement court-circuité les procédures de sa propre institution, la mettant au passage sur le gril médiatique sans qu’elle aie pu s’y préparer, il a aussi insulté nombre de scientifiques en insinuant qu’ils laisseraient des industriels tester leurs théories sur l’ensemble de la population à son insu. De fait, il a lui-même appuyé sur la pédale d’éjection sous son propre siège. Qu’une vingtaine de scientifiques aient ensuite, à sa demande,  accepté de se porter à sa rescousse, ne change rien à l’affaire.  Lorsqu’Arpad Pusztai et son collègue ont finalement pu publier cette étude dans The Lancet [Cliquez ici pour une version plus longue], la conclusion alarmiste qu’il avait initialement annoncée au grand public avait complètement disparu.

Nombre de militants anti-OGM ont cherché à instrumentaliser cette affaire pour accréditer l’idée qu’il n’existerait pas de consensus à propos de la nocivité des OGM disponibles sur le marché, mais que les voix dissidentes seraient systématiquement réduites au silence par l’intimidation et le harcèlement. En réalité, ils confondent ici controverse scientifique et polémique d’égos scientifiques, lesquelles, il faut le dire, peuvent être très violentes. Raison de plus pour ne pas les provoquer inutilement. La différence entre les deux réside non seulement dans le résultat, mais aussi dans le processus. La controverse émerge lorsqu’un travail remet en cause des connaissances ou même un cadre de réflexion théorique (paradigme) considérés comme largement acceptés et que les autres chercheurs tentent alors non seulement de vérifier les éléments apportés, mais aussi de défendre les modèles pré-existants. Elle peut parfois générer des querelles de personne, sur fond de ressources financières ou humaines limitées au sein d’une institution ou même d’une discipline. Mais, généralement, elle permet un véritable débat d’où peuvent alors sortir des avancées sérieuses de la connaissance, voir l’ouverture de voies véritablement originales. La polémique consiste surtout en pugilats stériles où les participants se jettent des noms d’oiseaux à la figure, s’accusent mutuellement d’intentions malveillantes et sont généralement plus préoccupés par leur statut dans l’institution ou la discipline que par la science-même. Naturellement, quand elle se déroule entre d’une part quelques personnes, se présentant comme des victimes sacrificielles, et d’autre part, une communauté scientifique inquiète de ne pas voir sa crédibilité jetée aux orties, il y a alors souvent des militants à l’affût pour l’utiliser et prétendre que le monde scientifique serait essentiellement corrompu, sauf pour quelques héros “lanceurs d’alertes”. Lesquels sont parfois heureux de se laisser récupérer par ces associations.

L’affaire Malatesta: une martyr du lobby politico-industriel qui s’en tire plutôt bien

Un autre cas évoqué est celui du Dr. Manuela Malatesta, dont MMR prétend qu’elle aurait été évincée de manière traumatisante du poste à l’Université d’Urbino qu’elle occupait depuis 10 ans, à cause de son audace qui l’aurait poussée à répéter une ancienne étude de Monsanto réalisée sur une de ses variété de soja transgénique. Dans la retranscription de l’entretien qu’elle a mené avec celle qu’elle présente comme une jeune chercheuse, on apprend que Dr. Malatesta aurait tout perdu à cause de cette étude, qu’elle n’a d’ailleurs pas pu mener aussi loin qu’elle aurait aimé, parce que tous les fonds se seraient  soudainement asséchés. Elle prétend même n’avoir pas pu publier ses résultats. Or, une recherche sur le Web montre une toute autre histoire, beaucoup moins dramatique, d’une chercheuse qui a passé plus de 2 ans sur la reproduction d’une expérience, dans l’espoir évident de mettre à jour de nouveaux éléments, venant contredire les premiers résultats, mais en vain. Contrairement à ce qu’elle prétend, ses travaux ont non seulement fait l’objet de publications, mais aussi de présentations à des colloques, d’une couverture médiatique et d’une revue par des experts du Conseil supérieur de la santé, le ministre italien de la santé de l’époque, pas particulièrement pro-OGM, ne pouvant croire que cette étude n’ait pas pu démontrer une quelconque nocivité significative de ce soja transgénique. Ils en ont d’ailleurs conclu que son protocole était trop flou pour que l’expérience puisse être refaite et qu’il n’était donc pas possible de valider ses résultats et ses conclusions. De fait, elle est loin d’avoir subit un quelconque opprobre. Simplement, après plusieurs années de travail, elle n’a pas pu fournir de nouvelles données et n’a fait que confirmer des conclusions déjà largement acceptées dans la communauté scientifique. Ce qui semble expliquer de façon bien plus plausible pourquoi son contrat n’a pas été renouvelé.

Il apparaît qu’ici MMR fait une impasse complète sur un autre aspect du fonctionnement du monde de la recherche universitaire:  En effet, il se trouve que s’il y a un milieu professionnel où il faut absolument être productif, c’est bien celui-ci. Aujourd’hui, les laboratoires, les facultés ou les instituts de recherche sont de vraies usines à générer de la connaissance à la chaîne et ceux qui ne peuvent tenir le rythme ont peu de chance de voir leurs contrats prolongés au-delà de leur échéance, à moins bien sûr de faire beaucoup de lobbying à l’interne et d’avoir de bons contacts dans la hiérarchie.  Le CV de Manuela Malatesta, s’arrêtant en 2010, révèle d’ailleurs que cette année-là, elle enseignait à l’Université de Verone et qu’elle était donc en bien meilleure position que ce pauvre prof. Arpad Pusztai qui semble avoir décidé de s’enfermer dans son rôle de victime des lobbies scientifico-industriels. Et puis, elle a participé à l’expérience du prof. Séralini sur le maïs transgénique NK603, dont les résultats ont été présentés avec tambours et trompettes le 19 septembre 2012.  De nouveau, on est très loin de l’image du chercheur-martyr que l’on aurait cherché à réduire au silence. En fait, elle n’a simplement rien trouvé de particulièrement significatif, comme elle l’a d’ailleurs confirmé à Patrick Maurel, de l’AFIS, qui l’avait contactée après avoir entendu l’interprétation assez surprenante des résultats de sa recherche qu’en donnait un journaliste de Canal+ dans un documentaire retentissant.

Le cas Lappé-Bailey: être un scientifique ne fait pas de vous un expert dans toutes les disciplines

Ensuite, toujours à propos du soja transgénique, MMR évoque les travaux d’une autre équipe de scientifiques, menée par Marc Lappé et Brit Bailey, censés démontrer la nocivité de cet OGM. On est là confronté à une autre problématique: celle du bagage scientifique des auteurs de l’expérience. En effet, après une courte recherche, il apparaît que ni l’un, ni l’autre n’est issu des domaines scientifiques d’où proviennent les chercheurs travaillant sur les OGM (génétique, toxicologie, biochimie, écologie, etc.). Le premier, mort en 2005, avait surtout étudié l’oncologie et la pathologie expérimentale (il était docteur dans cette discipline), qui n’ont que peu à voir avec les recherches sur les PGM, et il a passé la plus grande partie de sa vie dans le domaine de la bioéthique. Britt Bailey, elle,  détient un Bachelor (une licence) en psychologie et en art, ainsi qu’un Master en politique environnementale (environmental policy), c’est-à-dire qu’elle n’a qu’une relation assez distante avec la biologie en générale et une connaissance probablement très superficielle de ce vaste domaine. De fait, ni l’un, ni l’autre n’a une maîtrise réelle des problématiques biologiques liées aux OGM, en tout cas pas au même niveau que ceux qui travaillent sur ces organismes. Si cela n’invalide pas a priori leurs critiques envers Monsanto et l’industrie, les défauts relevés par d’autres dans la conception et le déroulement de leur expérience, ainsi que le constat que pratiquement personne dans le monde scientifique, à part des militants anti-OGM, n’aie repris leurs résultats comme base de recherches, est bien plus rédhibitoire.

Ainsi, un article de G. Botta, relayé sur le site d’Academy Review, souligne les défauts importants dans le protocole de l’expérience de Lappé et Bailey, ainsi qu’un véritable biais dans la sélection de la littérature utilisée, dont il estime que les auteurs n’ont qu’une connaissance limitée (poor knowledge). Il n’est pas le seul. Dans l’ensemble, les quelques études qui citent cet article ne vont pas particulièrement dans le sens que lui accorde Bailey dans son entretien avec MMR. Elle apparaît ainsi dans d’autres publications qui consistent surtout en analyses des débats scientifiques et juridiques sur la question des OGM. L’une d’entre elles proclame même que les soja OGM sont un miracles pour l’humanité! Une autre, relatant une méta-étude, conclut que la plupart des évaluations des caractéristiques des OGM, malgré la diversité des protocoles, débouche sur la conclusion qu’ils ont la même capacité nutritionnelle et de croissance que les autres formes de cultures modernes. Si les auteurs reconnaissent qu’il n’existe pas de méthode standard d’évaluation au moment de la rédaction de leur texte, ils affirment aussi que des tentatives d’harmonisation sont mises en œuvre de manière active. Un troisième article, de 2001, conclut même à l’adéquation du principe d’équivalence en substance comme point de départ de l’évaluation des OGM, un principe dont MMR conteste la validité scientifique! Donc, le moins que l’on puisse dire, c’est que ces conclusions n’engagent que Baily, Lappé et leurs co-auteurs, et qu’ils ne sont pas du tout confirmés par les recherches ultérieures, pas même celles qui citent leur article.

Ainsi, seuls les études d’Arpad Pusztai (dans sa lettre au Lancet en 1999) et de Manuela Malatesta accordent de la validité à ces résultats. Du coup, on a l’impression que MMR fait vraiment une sélection particulière des sources qu’elle retient, ce qui fait que les références mentionnées dans son livre et ses articles tournent en rond et se renvoient les unes aux autres, au sein d’un petit monde de militants anti-OGM, scientifiques ou pas.

L’affaire Chapela: un tir groupé de critiques n’impliquent pas forcément de l’intimidation ou de la diffamation

Enfin, est évoqué le cas d’Ignacio Chapela, un chercheur à Berkeley, qui prétendait révéler en 2001 que du maïs OGM, produit aux USA et cultivé au Mexique, avait contaminé des variétés locales. MK note que les résultats des observations de ce chercheur ont été largement contestés dans la communauté scientifique, citant plusieurs sources, notamment un article de Nature (29 novembre 2001), mais aussi des auteurs comme Bellon et Berthaud, qui ont pu démontrer, dans une étude publiée en mars 2004 dans Plant Physiology, que la baisse de la diversité du maïs au Mexique n’est pas dû à des manipulations génétiques, mais bien plus à des causes socio-économiques. MMR ignore royalement ces sources pour persévérer dans son affirmation, soit que Chapela et ses collègues auraient subi une campagne de diffamation et d’intimidation visant à les réduire au silence.

Elle cite notamment l’affaire des “faux scientifiques” supposément envoyés par Monsanto sur les forums et newsletters en ligne de l’association AgBioWorld, qu’elle soupçonne, avec d’autres militants anti-OGM, d’être noyautée par une entreprise de relations publiques au service de Monsanto. Et avec sa vision du monde, il ne lui est évidemment pas improbable que les milliers de scientifiques qui sont membres de l’organisation, dont plusieurs prix Nobel, aient pu se faire ainsi endoctriner et embrigader. Après tout, s’il est si aisé d’avoir des scientifiques militants soutenant des associations anti-OGM, il doit être tout aussi facile d’acheter des scientifiques pour en faire des défenseurs dogmatiques des OGM, n’est-ce pas? En effet, une science qui ne permet pas de prouver les a priori de MMR n’est pas une bonne science et les chercheurs qui critiquent les articles qu’elles sélectionnent pour leur congruence avec ses vues ne peuvent qu’être des vendus à l’industrie, d’où sa recherche obsessionnelle de liens entre eux ou leurs organisations et Monsanto.

Non seulement cela, mais pour enfoncer le clou, elle cite une étude, supposée confirmer les propos de Chapela, réalisée par un chercheur belge, Marc de Loose. Problème: l’étude en question conclut exactement le contraire et vient en fait s’ajouter à la longue liste d’articles réfutant les propos de Chapela.  Il semblerait que MMR ait repris les conclusions que Greenpeace avaient donné des travaux de de Loose, sans les vérifier. On peut donc légitimement penser que Greenpeace a  fait un contre-sens total. Alain de Weck, prof. immunologie, l’affirme dans une lettre ouverte à MMR publiée sur le forum d’ARTE, sources à l’appui.

En conclusion: un feu d’artifices de préjugés sur la science et son fonctionnement

Dans l’ensemble, on constate que loin de démonter les arguments sur lesquels MN et MK basent les reproches qu’ils lui adresse, MMR ne fait que les confirmer. En effet, toute sa défense révèle un manque de distance critique et de rigueur assez patent ainsi que sa propension à aller à la pêche de tout ce qui confirme ses a priori tout en laissant de côté le reste. Trop souvent, il semblerait qu’elle n’ait pas pris elle-même connaissance des travaux qu’elle critique ou soutient, se basant uniquement sur les propos de militants anti-OGM, qu’ils soient scientifiques ou pas, et la plupart de ses citations renvoient à des journaux généralistes ou à des sites d’ONG, quand ce n’est pas à ses propres livres. Elle ne donne que rarement les références précises des articles scientifiques qu’elle évoque. En fait, elle passe pas mal de temps à se citer elle-même et profite ainsi de chaque billet de blog pour promouvoir ses livres. Ce qui est de bonne guerre d’un point de vue marketing, mais ne fait pas très sérieux d’un point de vue scientifique ou même journalistique.  En effet, l’auto-citation, ça va un moment, mais faut pas pousser non plus.

Plus spécifiquement, les exemples que j’ai retenus révèlent un grand nombre de préjugés sur le monde de la science plutôt étranges de la part d’une journaliste qui prétend avoir côtoyé des scientifiques pendant des années et s’être immergée dans leur univers pour ses enquêtes. Il apparaît ainsi que comme nombre de journalistes généralistes, elle ait plaqué sa grille de lecture sur ce qui s’est révélé à elle de cette communauté. Dit autrement, elle a vu ce qu’elle croyait (au lieu de croire ce qu’elle voyait). Les scientifiques pestent souvent contre ces journalistes à qui ils ne reprochent pas de ne pas comprendre immédiatement leur travail, mais plutôt de ne pas les écouter et de tenter de leur faire dire autre chose que ce qu’ils veulent dire.  Certes, il faut reconnaître que ces préjugés sont complaisamment renforcés par certains des scientifiques qu’elle a rencontrés et qui semblent avoir décidé de rejoindre le combat idéologique contre les OGM, se présentant eux-mêmes comme des champions de la vérité contre l’omerta soi-disant imposée par l’establishment aux chercheurs.

Mais au point de pareillement ignorer des éléments aussi importants du fonctionnement scientifique que la validation des données par les pairs et la construction de la connaissance par confrontations de résultats, ou encore, les contraintes purement institutionnelles et financières qui définissent en grande partie le cadre professionnel des chercheurs, pour se replier sur de grossières théories du complot, là, ça laisse franchement pantois! Et on tombe littéralement à la renverse, quand elle affirme, dans sa conclusion, qu’il suffit d’un bac scientifique pour être capable d’assimiler la matière, de saisir les enjeux et poser les bonnes questions! Mince, alors! C’est à se demander pourquoi on exige des chercheurs et des professeurs en science près de 10 ans d’études et d’apprentissages des techniques de recherche pour pouvoir exercer leur métier!

Il en résulte alors une étrange ambivalence envers la science, essentiellement basée sur des stéréotypes, que de longues années de contacts avec de nombreux scientifiques ne semblent pas avoir dissipés du tout. D’un côté, on sent transpirer une image déjà ancienne de la science considérée comme un facteur de désenchantement du monde, voir comme un une force carrément négative et destructrice des liens fondamentaux de l’homme à la nature. De l’autre côté, il ressort malgré tout de son approche une conception de cette même science toute aussi fréquente dans l’imaginaire populaire, à savoir celle d’une somme de connaissances ultimes, coiffant toutes les autres de son autorité incontestable. En effet, tout en essayant de discréditer les chercheurs qui ne partagent pas ses vues, elle tente constamment de s’allier la connaissance scientifique comme garantie de la validité de ses idées militantes. En d’autres termes, elle contribue, comme bien d’autres, à alimenter de manière sans cesse renouvelée la représentation un peu caricaturale de la science à double-face. Simplement, selon elle et nombre de militants écologistes aujourd’hui, ce qui permet de distinguer entre le “bon scientifique” et le “mauvais scientifique” est leur engagement citoyen, non pas leur capacité à respecter les règles de base de la recherche scientifique. La première catégorie milite avec des associations ou du moins, cherche à corroborer leur vision du monde, tandis que la seconde regroupe tous ceux qui ne se rangent pas du côté des ONG contestataires. En effet, il apparaît régulièrement que l’origine “citoyenne” de telle ou telle initiative scientifique soit mise en avant par les militants écologistes comme garantie de qualité et d’objectivité (comme on l’a vu, récemment, avec l’étude menée par le Dr. Séralini, présentée comme un projet parti d’en-bas, porté par des associations citoyennes). Un raisonnement qui, je dois le dire, m’échappe un peu, parce que je ne vois pas trop en quoi des citoyens idéologiquement motivés seraient moins biaisés que des scientifiques payés par l’industrie ou des intérêts politiques liés à l’industrie.

Enfin, MMR se plaint constamment de la virulence des critiques qu’elle s’attire et nous dépeint de grandes cabales politico-industrielles contre elle. Pourtant, il suffit de creuser un peu les problématiques qu’elle aborde pour comprendre que ces affirmations sont totalement infondées. Les chercheurs qui la critiquent ne sont pas à la solde de Monsanto ou de l’industrie agro-alimentaire. Ce sont essentiellement des professionnels de la recherche scientifique qui se sont sentis piqués au vif par des propos incroyablement insultants à leur égard, puisqu’elle insinue partout (quand elle ne l’affirme pas carrément) que des dizaines de milliers de scientifiques à travers le monde sont corrompus, sans scrupules et vendus à des intérêts vénaux. Sans compter ses interprétations, disons très personnelles, de leurs travaux et des faits scientifiques. Mais, apparemment, elle s’imagine qu’elle peut mettre en doute de manière aussi légère la crédibilité et la légitimité de gens qui ont dû pourtant véritablement se battre au quotidien dans un des environnements professionnels les plus compétitifs qui existent, sans essuyer la moindre réaction. Elle s’imagine que sa vie est difficile? Qu’elle essaie un peu celle de chercheur, ou plutôt, de chercheuse! Parce que ce n’est pas pour rien que les universités ne comptent guère plus de 15% de femmes dans les corps enseignants et de recherche! Elles ne font pas seulement face aux difficultés institutionnelles et culturelles inhérentes à cet univers, elles doivent aussi surmonter tous les préjugés machistes et combiner une vie de famille et un travail qui tient du véritable sacerdoce! C’est du 300% et constamment sur les chapeaux de roue!

De toute évidence, il n’y a pas que les scientifiques qui ont souvent du mal à se faire rappeler à l’ordre sur leurs méthodes par des gens extérieurs à leur profession. C’est aussi le cas de certains journalistes, qui détestent qu’on leur pose des questions sur leur propre manière de travailler. Et MMR illustre cette arrogance et ce refus de rendre des comptes de façon caricaturale.

20 thoughts on “Sur un fil de la toile #6-1 | Quand l’alterjournalisme rencontre l’alterscience

  1. Pingback: Gazette AFIA #13
  2. Bonjour,
    La question centrale de ce que vous abordez me semble être le biais de confirmation, à savoir, en reprenant l’énoncé de wikipédia “la tendance qu’ont les individus à privilégier les informations qui confirment leurs idées préconçues ou leurs hypothèses (sans considération pour la véracité de ces informations) et/ou d’accorder moins de poids aux hypothèses jouant en défaveur de leurs conceptions”.
    Tout un chacun y est confronté. Ce n’est pas une question de bonne ou de mauvaise foi.
    C’est un risque bien connu dans la conduite d’expérimentations. Il faut appliquer des procédures méthodologiques strictes pour s’en affranchir autant que possible – ce que celui qui m’a enseigné cela il y a quelques décennies appelait la “règle de vie” -. Et cela ne suffit pas. Il faut lecture et relecture par des tiers, de l’ensemble des données – y compris de celles écartées parce que jugées par l’expérimentateur “non significatives” (là est un piège usuel) -. Un grand classique. Peut-être encore plus critique sur des sujets sensibles.
    Pour le journaliste d’investigation le risque est évidemment la sélection partielle et partiale des informations. Point besoin de présupposer, effectivement, une intention. Les biais cognitifs sont suffisants. Il est intéressant de lire sur le sujet les sociologues et anthropologues des mécanismes de la crédulité et des croyances collectives. Pascal Boyer, Fabrice Clément, Gérald Bronner, etc. Un livre de ce dernier dont le titre, de mémoire, est “comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques” est intéressant pour réfléchir comment des militants, comme MMR ou comme GES, la première comme journaliste et le second comme enseignant-chercheur, peuvent s’enfermer progressivement dans ce qui apparaît au commun des mortels, fût-il scientifique ou non, comme une impasse…
    Pour en finir avec ce commentaire, jetez un oeil sur http://toutsepassecommesi.cafe-sciences.org/2012/10/19/pourquoi-est-ce-que-letude-seralini-sur-les-ogm-menerve/ , le commentaire de ce scientifique est intéressant au regard de votre réflexion.
    Merci. Avoir lu votre post ce matin est rafraîchissant.

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    • Oui, tout à fait. Le biais de confirmation est probablement l’attitude la plus instinctive que l’on puisse avoir et d’après ce que j’ai compris, il semblerait que nombre de travaux en psychologie, aient démontré qu’il s’agit là aussi d’un élément d’évolution important à la survie des individus. Ce qui fait que chacun d’entre nous en fait probablement régulièrement preuve dans de nombreux domaines du quotidien. Cependant, dans des sociétés s’imposant un système aussi exigeant que la démocratie, avec la nécessité de faire cohabiter ensemble des groupes humains comprenant plusieurs millions de personnes, il n’est plus possible de se reposer uniquement sur ce mécanisme. Les citoyens, tout comme les décideurs, ont besoin d’informations qui soient fiables et reposent sur un tant soit peu de rationalité, pas sur des rumeurs ou des à priori, parfois complètement fantaisistes.

      Ainsi, la science et le journalisme sont justement deux modes d’approche du monde censés éviter à tout prix un tel biais. Comme vous le dites vous-mêmes, la méthode scientifique vise essentiellement à forcer le chercheur à constamment prendre de la distance par rapport à ce qu’il a sous les yeux, notamment tout ce qui pourrait lui apparaître comme une évidence. En journalisme, l’obligation d’explorer un thème selon ses différents angles et de recouper l’information par plusieurs sources constitue aussi une forme de mise à distance du sujet traité.

      Que des journalistes, apparemment assez en vue, et des scientifiques bien établis, se laissent aller à ce genre de biais me posent donc effectivement problème. Et je pense qu’il vaut la peine d’analyser leurs spécificités dans des cadres concrets, comme cet échange acrimonieux entre l’AFIS et Marie-Monique Robin. La médiatisation de l’étude Séralini mériterait aussi une analyse approfondie, parce que l’on peut déjà dire maintenant que c’est un cas d’école, rien que par son succès dans les médias généralistes de référence et sur nombre de réseaux sociaux. Pour ce qui est de son impact sur le fonctionnement de la recherche publique ou privée, sur les relations entre états et entreprises privées, sur les questions des conflits d’intérêts au sein des agences gouvernementales, le fonctionnement des opinions publiques sur des sujets polémiques, etc., il faudra aussi évaluer en quoi cette affaire peut être emblématique du développement de la vie publique actuelle.

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    • Bonjour,

      Je vous réponds ici, parce que je ne suis pas inscrite sur le forum où vous avez reproduit mon billet. Je vous remercie beaucoup du compliment que vous me faites en le relayant sur votre site, mais je suis malgré tout un peu irritée. Très simplement, sans les liens, ce texte change complètement de nature. Je doute qu’après sa lecture, les gens viennent ici pour consulter les références URL. Surtout les partisans de cette journaliste. Il se pourrait alors qu’ils aient l’impression que je me contente de tirer gratuitement à boulets rouges sur Marie-Monique Robin, sans jamais citer aucune source. Sans les liens vers les deux textes de base qui ont motivé ce billet, le lecteur sur votre forum ne peut pas comprendre correctement mon propos. De plus, vous avez omis la plupart du temps de signaler d’une quelconque manière (avec un changement de police ou des guillemets doubles ou simples, par exemple) les passages que je cite directement dans ce texte et que j’ai distingués clairement en les mettant en italique, ce qui fait que la parole des personnes auxquelles je me réfère à plusieurs reprises n’est plus différenciée de la mienne. Sans compter qu’un lecteur qui déciderait de lire ce billet uniquement sur votre forum, et ne voudrait pas se le coltiner une seconde fois ici, pourrait être tenté de m’accuser de plagiat.

      Comme je suppose que vous n’avez pas particulièrement envie de replacer les nombreux liens que j’ai insérés dans ce billet (et qui reflètent quand même mon travail de recherche sur le Web, lequel ne transparaît plus du tout dans votre copié-collé), ni même vous amuser à appliquer un autre style à toutes les citations qui y sont éparpillées, je préférerais donc que vous n’en publiez que les premières lignes, avec un lien vers ce blog, plutôt que de le proposer tout à la fin d’un article aussi long. Cela me semble un bon compromis, qui tient aussi compte du fait que j’apporte aussi de temps en temps des corrections à ce billet, qui risquent de ne simplement pas apparaître sur votre forum. En effet, depuis sa publication, j’ai déjà modifié plusieurs choses, soit que je trouvais des phrases mal tournées, soit que j’ai repérées des fautes de grammaire ou d’orthographe que je n’avais pas vues tout de suite, soit que j’ai découvert de meilleurs liens que ceux initialement proposés.

      Je vous remercie d’avance de votre compréhension et de votre patience. De mon côté, j’essaierai de préciser quelque-part sur ce blog des conditions d’utilisation de mes billets. Je ne l’ai pas fait jusque-là, parce que j’étais loin d’imaginer que qui que ce soit pourrait avoir envie de les reprendre. Je proposerai probablement des modalités inspirées du Creative Common. Merci encore de votre visite et j’espère que vous ne m’en voudrez pas trop de vous faire cette requête.

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      • Chère Ariane,

        Quand on ne veut pas être répliquée… on ne publie pas sur internet… 😉
        Votre “irritation” est donc probablement un peu contre vous-même…
        Moi, au moins, je vous ai signalé que je vous répliquais ; je vous présente ; et je dirige les lecteurs vers la source. Comptez le nombre qui vous citeront ou vous répliqueront sans vous le dire…
        La toile est le règne du copyleft et non du copyright.
        La toile est libertaire.
        Et c’est tant mieux.

        Mais je veux vous être agréable…
        Si je n’ai pas reproduit vos liens c’est que cette reproduction est chronophage.

        Je tente donc un compromis.
        Je maintiens votre intro et la présentation de la controverse MMR vs MK+MN
        Puis j’invite à lire la suite sur votre site en me contentant de la présentation de votre plan.
        On est d’accord ? Allez voir…

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        • Re-Bonjour,

          Je vous remercie d’accepter le compromis que je vous ai proposé. Comme je vous l’ai dit, je suis flattée que vous ayez trouvé mon texte suffisamment intéressant pour le répliquer. Simplement, comme il m’a fallu beaucoup de temps pour récolter tous ces liens et que je mets un point d’honneur à être aussi précise que possible (d’où aussi un format spécifique pour les citations citations, afin de ne pas les confondre avec mes propres propos), je dois avouer que de voir mon texte soudainement privé de sa base, à savoir les multiples références matérialisées par ces liens, m’a un peu interloquée. Parce qu’il ne s’agit pas d’une question de “copyright” ou de “copytheft”, vu que je ne demande aucun “royalties” pour la reproduction de mon texte, mais uniquement d’intégrité de mon travail. Si j’ai été irritée, c’est en partie à cause d’une déformation professionnelle, si on peut dire. Comme vous le savez, je suis doctorante et quand on fait un doctorat, une des principales exigences, c’est la précision et l’exactitude, au point de rendre la recherche doctorale parfois incroyablement fastidieuse et même désespérante. Je l’avoue, ça me rend moins tolérante envers certaines pratiques.

          Ensuite, mon compromis vise aussi à vous éviter des accusations idiotes. Vous savez très bien que pratiquement personne ne relira mon billet ici après l’avoir lu sur votre forum. Du coup, les gens pourraient vous accuser de reproduire bêtement un texte pleins de plagiats et d’accusations gratuites. Vous aurez beau leur dire d’aller voir l’original ici, le mal sera fait. Et comme vous le savez, les militants les plus acharnés ne s’arrêtent pas à ce genre de détail. Il suffit que vous fassiez une seule bourde pour qu’elle soit qualifiée par eux de représentative de l’ensemble de votre attitude. Puis, ils iront le claironner à la ronde!

          De plus, un billet de blog n’est pas figé! Et oui, c’est aussi ça, le web! Des contenus que l’on peut modifier fréquemment, au fur et à mesure que l’information progresse. Il se peut donc que je corrige des paragraphes entiers ou proposent de nouveaux liens, qui n’apparaîtraient alors pas du tout sur votre forum. Mon but n’est pas de faire ma propre promotion, mais de participer à ce débat en y amenant mon galet (je n’ose même pas parler de caillou ou même de pierre significative) et celui-ci peut changer de forme en cours de route.

          Voilà, voilà….Je vous remercie encore une fois de votre compréhension et espère que nous aurons d’autres occasions de discuter et de débattre!

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  3. chouaneur says:

    Excellente analyse de votre part !

    Vous avez parfaitement cerné le “fonctionnement” de M M Robin avec sa militante et fallacieuse façon de voire le journalisme d’investigation ou la désinformation et le mensonge sont de fait un passage obligé.
    Pour cette “journaliste” ignare volontaire (désolé c’est plus fort que moi), l’agronomie et les biotechnologies végétales ne sont qu’un instrument pour conforter ses phobies pseudo-écologiques.
    Phobies qu’elle se doit de médiatiser à outrance avec l’aide de certains médias afin d’alimenter la peur irrationnelle du citoyen lamda (audience oblige !) éventuelllement compréhensive d’ailleurs, dès que l’on aborde des sujets concernant les PGM entre autres.

    Encore une fois, bravo pour ce billet.

    Cordialement

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    • Merci pour le compliment!

      Cependant, je tiens à préciser à nouveau que je me base ici vraiment uniquement sur sa réponse à l’AFIS. Pour l’instant, je n’ai vu qu’un seul de ses documentaires, “Les moissons du futur”, mais c’est vrai qu’il confirme en grande partie l’idée que je me suis faite d’elle à cette occasion.

      Je ne théorise pas trop sur la “peur irrationnelle” du citoyen dit lambda, parce qu’ici, je me concentre vraiment sur l'”émetteur” et non pas sur le “récepteur”. Bien sûr, d’après ce que j’ai pu lire et entendre ces derniers temps, j’ai bien compris qu’elle est devenue une sorte d’égérie journalistique pour nombre de militants et citoyens vivement opposés aux OGM et à l’industrie agronomique. Mais, exactement dans quelle mesure et selon quelles modalités, là, je ne peux pas vraiment développer. Cela nécessite une analyse des discours et des contenus que je n’ai pas pu réaliser. C’est le genre de recherche de terrain socio-anthropologique très long et fastidieux. Je n’ai pas le temps, ni les moyens de la mettre en oeuvre Mais, je pensais éventuellement essayer d’analyser quelques exemples de discours s’appuyant sur les travaux de Mme Robin ou même simplement son statut de journalsite-auteur de documentaire apparemment relativement célèbre. On verra bien!

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  4. Vous pouvez voir le chef-d’oeuvre de MMR, “Le monde selon M…” sur youtube, par exemple ici : http://www.youtube.com/watch?v=FwmwhYkvMDo&feature=related
    C’est assez pénible à regarder mais il faut le voir ! Un de mes moments préféré, c’est lorsqu’elle utilse ce que j’appelle “la preuve par Google”. Voici (c’est MMR qui parle … et qui tape) : “Si on tape M… falsified scientific studies, on obtient (emphase) 174 mille réponses !”
    C’est beau non ?

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    • Merci pour le lien! Je sais que “Le monde selon Monsanto” est accessible sur YouTube, mais je dois avouer que je préfère, généralement, regarder ce genre de documentaire en version autorisée. Je n’approuve pas certaines méthodes de Mme Robin, mais cela ne signifie pas que je puisse légitimement soutenir le piratage de son film. En même temps, je pourrais m’y résoudre s’il m’est toujours aussi difficile d’accéder aux vidéos sur le site d’ARTE. Cela fait des semaines que j’essaie et que je me retrouve systématiquement renvoyée sur une page m’indiquant un “time out”, même en partant des pages du blog de Mme Robin. C’est pour cela que je parlais de chaînes auxquelles je peux avoir accès, qu’elle soit analogique, numérique ou sur le Web.

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        • Il n’y a pas de médiathèque près de chez moi, mais j’attendrai un peu. Apparemment, ce documentaire est très apprécié des chaînes de TV (J’ai vu qu’il est passé sur plusieurs chaînes numériques françaises ces derniers temps), donc il y a une chance qu’il soit à nouveau programmé sur une chaîne à laquelle j’ai accès. Je ne suis pas pressée. 😉

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    • Nicias says:

      Je plussoie, il faut regarder ce film.
      J’avais fait un arrêt sur image lors de la scène Google (c’est dire si ce documentaire m’avait impressionné). Le lien sur lequel elle clique renvoie à un blog du C@fé des sciences mais je ne sais plus lequel (Matière vivante, le blog des bactéries ?), qui évidemment ne supportait pas les opinions de MMR sur les OGM.
      Je lui suis donc reconnaissant de m’avoir fait découvrir le C@fé des sciences !

      Bravo Ariane pour ce texte et les heures passées à vérifier les sources. C’est beau comme une thèse de doctorat, ça sent la sueur !

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