Sur un fil de la toile #10-26 | On en parle et On s’en lave les mains

Scène de lavement au XVIIIe siècle. Museu Nacional do Azulejo, Lisbonne (Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Lavement#mediaviewer/Fichier:Clyst%C3%A8re_Museu_Nacional_do_Azulejo.JPG.). CC BY-SA 3.0

Scène de lavement au XVIIIe siècle. Museu Nacional do Azulejo, Lisbonne (Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Lavement#mediaviewer/Fichier:Clyst%C3%A8re_Museu_Nacional_do_Azulejo.JPG.). CC BY-SA 3.0

Après les dangers du WIFI sur la pousse du cresson (et par extension logique, sur la santé humaine, hein!) et la lithothérapie, la drammathérapie, l’aromathérapie, voilà qu’avant-hier matin, On en parle, toujours à l’instigation de Lydia Gabor, a décidé de faire spontanément de la publicité gratuite et spontanée pour une énième pseudo-médecine, à savoir….les cures de détoxification! Pour faire bonne mesure, les journalistes se sont quand même adressés à deux médecins. Problèmes: Ceux-ci ne servent que d’alibis symboliques. En effet, leurs considérations sont rapidement balayées, les journalistes se satisfaisant des réponses de Nathalie Sauthier, nutritionniste à l’Institut Kousmine, dont la plupart ne tiennent pourtant pas la route, ni d’un point de vue factuel, ni d’un point de vue logique! En gros, il n’y a aucune preuve scientifique de l’efficacité ou même de l’utilité de ce genre de cure, elle peut même être dangereuse pour la santé, mais parce qu’une invitée-témoin a affirmé que cela lui faisait du bien, on en déduit qu’il vaut quand même la peine d’essayer et, surtout, d’en parler. Et d’en parler favorablement, tout en laissant aux auditeurs le soin de faire eux-mêmes le tri parmi toutes les informations balancées en vrac, sans hiérarchisation, ni distinction de fiabilité et de vraisemblance, et de prendre leurs responsabilités. On en parle, mais VOUS en faites l’expérience à VOS risques et périls, et «On s’en lave les mains». Tant pis si les seuls à en retirer de vrais bénéfices sont les prestataires de services qui recommandent ces cures, lesquels sont rarement des œuvres de charité!

Edit du 23.05.2014: On en parle a relayé ma réaction à leur émission du 19.05.2014, apparemment, parce qu’une autre auditrice l’avait aussi commentée dans un sens similaire. Je ne suis cependant qu’à moitié satisfaite, dans la mesure où c’est plus le constat sur la détoxification (patamédecine) qui a été relevé, que la problématique qui me préoccupe vraiment ici, à savoir la difficulté des journalistes généralistes à aider le public à faire la distinction entre science et d’autres formes de connaissance, telle que la spiritualité, l’ésotérisme, etc., notamment lorsqu’elles essaient de se faire passer pour de la science ou pour une certaine science.

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Sur un fil de la toile #10-23 | Quand le service public cessera-t-il de faire de la propagande pour des pseudo-sciences et des SCAM??|

Dramatic_Scarecrow_clip_art_hightHier matin, l’émission On en Parle nous a encore gratifiés d’un énième reportage sur des pratiques pseudo-scientifiques ou pseudo-médicales (SCAM – So-Called Alternative Medicine = Soit-disant médecine alternative). Cette fois-ci, nous avons eu droit à une introduction à la dramathérapie, présentée comme une panacée pour tout mal-être. La journaliste Lydia Gabor a ainsi été interviewer Lucy Newmann, l’une des responsables de l’école de formation à l’art-thérapie éata-Créavie. A nouveau, elle lui a ouvert un boulevard sans jamais vraiment lui demander de précisions sur le type de problèmes abordés (on se contente de parler de maladies de l’âme, ce qui veut tout et ne rien dire), ni même lui opposer la moindre remise en question. Naturellement, dans une bonne logique relativiste, le sujet s’est terminé sur une position soi-disant neutre, le journaliste se cachant derrière l’appel à la la liberté des auditeurs à se faire leur propre opinion. Parce que c’est bien connu, les faits et la connaissance ne sont qu’une question de point de vue et tous les avis s se valent!

A mon sens, la promotion de cet espèce de relativisme intellectuel par le service public n’est pas acceptable. Son rôle est d’informer les citoyens de manière aussi objective que possible. Or, l’objectivité ne signifie pas accorder un temps d’antenne équivalent à la science et aux pseudo-sciences, à la médecine et aux SCAM, sans les évaluer, au prétexte de ne pas porter un jugement de valeur qui pourrait froisser la sensibilité d’une partie des citoyens. Au contraire. Elle consiste à faire le tri entre ce qui est reconnu comme des faits avérés et vérifiables par les communautés d’experts ou de scientifiques travaillant sur ces sujets, et ce qui relève de thèses ou d’hypothèses plus ou moins farfelues, avancées par des gens dont la fiabilité laisse souvent à désirer. Et oui, il existe des moyens de jauger leur crédibilité.  Il n’y a donc aucune raison de faire de la publicité spontanée et gratuite pour des pratiques au mieux inutiles et vaines, au pire dangereuses à divers degrés, et ce, même si leurs auteurs sont animés de la meilleure volonté du monde. Comme on le dit, le chemin vers l’enfer est pavé de bonnes intentions.

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Sur un fil de la toile #10-22 | Les homéopathes se révoltent contre Boiron !

See on Scoop.itEpistemology | Epistémologie 2.1.

Lyon n’est pas la capitale de la France, ni de la physique quantique, ni de la chimie organique. Mais Lyon est la capitale mondiale de … l’homéopathie. Effectivement, le géant “pharmaceutique” mo…

Commentaire d’ArianeBeldi:

Nombre de gens se sont tournés vers l’homéopathie pour diverses raisons idéologiques, notamment pour échapper à une industrie pharmaceutique jugée trop gourmande et trop peu soucieuse du bien-être des patients.

Pourtant, cette pseudo-médecine est devenue en elle-même un énorme business qui, en plus de contredire des principes fondamentaux de physique et de chimie (la loi d’Avogadro), fonde sa légitimité sur de grosses contradictions et la trahison de ses propres principes. En effet, pour obtenir des autorisations de mise sur le marché facilitée, les fabricants doivent prouver que leurs produits ne sont pas nocifs. L’argument utilisé par les Laboratoires Boiron constitue un aveu de l’inefficacité thérapeutique de leurs médicaments, puisqu’ils avancent qu’à partir de 12CH, il ne reste plus le moindre produit actif dans leurs mélanges. En d’autres termes, cette marque commercialise de l’eau et du sucre! De fait, un médicament qui ne comporte aucun risque d’effet secondaire n’a probablement aucun effet du tout. De plus, la “vraie” homéopathie est incompatible avec une activité industrielle, puisqu’elle se base sur l’idée que chaque patient est unique et que l’on ne peut le traiter qu’avec une préparation spécialement adaptée à sa personne et sa situation.

Pourtant, tout cela ne semble pas gêner les amateurs d’homéopathie. Sans compter qu’ils ne semblent pas plus embarrassés par l’idée d’alimenter de très grosses entreprises qui légitiment leurs activités avec des arguments erronés, voire même complètement absurdes. On reproche à la pharma des comportement peu éthiques, notamment de médicaliser des problèmes sociaux ou simplement des petites gênes au quotidien pour pouvoir continuer de fourguer de nouvelles molécules aux consommateurs. Pourtant, vendre très cher de l’eau et du sucre comme des traitement thérapeutiques ne me semble pas particulièrement éthique non plus.

See on pourquoilecielestbleu.cafe-sciences.org

Sur un fil de la toile #10-15 | Du manque de culture scientifique dans le journalisme généraliste

Science_Set_Trans[Article long – temps de lecture: 20-25 minutes]

L’émission On en parle du 18 juin 2013, sur RTS La 1ère, m’a fortement interpellée. En effet, s’y trouvaient concentrer toutes les raisons qui peuvent justifier le recours à des journalistes scientifiques par les médias généralistes: problème de hiérarchisation des sources, difficultés à distinguer entre preuves et témoignages, fausses équivalences journalistiques (toutes les opinions se valent), biais en faveur de ce que l’on pourrait qualifier de “citoyens préoccupés” et, de manière générale une perception alternant entre croyance et méfiance. Cela conduit coups sur coups les deux journalistes animant l’émission à mettre sur un pied d’égalité des milliers de scientifiques à travers le monde, des agences gouvernementales et des associations citoyennes,  en doutant d’abord des premiers (le danger du WIFI), pour leur accorder ensuite une confiance aveugle sur un autre sujet (l’année du Quinoa), et finalement terminer sur l’idée que les soins et massages aux pierres semi-précieuses sont tout à fait valables, à condition d’y croire, même si la science n’a pas “encore” pu prouver leur efficacité.  Du coup, pas de problème de se faire lester de 100CHF par séance pour des soins dont rien ne prouve qu’ils permettent de soulager quoi que ce soit….à part bien sûr votre porte-monnaie! Continue reading