On me dira que je devrais laisser tomber, que j’ai vraiment d’autres choses plus importantes à faire et qu’au final, ça ne devrait pas m’empêcher de dormir. Et effectivement, ce n’est pas cela qui m’empêche de dormir. J’ai plein d’autres soucis, du côté de ma thèse. C’est vite vu, je peux difficilement regarder ma collection de DVD d’anime sans ressentir une immense lassitude et une envie de fondre en larmes. Mais, j’ai toujours eu un intérêt prononcé pour la vie politique telle qu’elle s’exprime dans l’espace médiatique et avec l’intégration du Web dans les habitudes de débats et de communication des citoyens, il est devenu encore plus trépidant et dense. Du coup, je peux difficilement m’empêcher de cogiter et de réagir à ce que je lis sous le clavier des divers acteurs du débat citoyen.
Or, j’ai l’impression, mais c’est totalement subjectif et il faudrait donc le vérifier de manière plus rigoureuse et méthodique, que les participants à ces débats semblent être tombés massivement dans un travers repérés dès les années 80 par un certain Isaac Asimov (!), qui le limitait alors surtout au contexte nord-américain:
There is a cult of ignorance in the United States, and there always has been. The strain of anti-intellectualism has been a constant thread winding its way through our political and cultural life, nurtured by the false notion that democracy means that “my ignorance is just as good as your knowledge.
[Newsweek (21 January 1980), cité dans Wikiquote]
A mon sens, on retrouve tout particulièrement ce type d’attitude parmi nombre de ceux qui prétendent urbi et orbi vouloir pourfendre le politiquement correct et la pensée unique de l’élite ou de l’establishment, opposé au peuple et à son bon sens, voir à sa sagesse multiséculaire. A ce titre, on a régulièrement droit à des attaques en règles contre tout ce qui relève d’une expertise, du moins, lorsqu’elle contredit les intuitions des opinions publiques les plus bruyantes, et à des accusations de trahison, voir de tromperie du citoyen, simplement parce que le résultat de ces expertises ne collent pas avec ce que’ils constatent dans leur vie de tous les jours. On tombe alors dans une espèce de relativisme qui voudrait que l’expérience personnelle et subjective vaille autant que n’importe quelle autre, mais surtout, autant que toutes les études de terrain menées en long et en larges par des chercheurs, qu’ils soient universitaires, fonctionnaires ou experts pour des institutions privées. Du coup, ces postures supposent que le témoignage peut parfaitement tenir lieu de preuve irréfutable sur laquelle construire toute une réflexion philosophique et politique.
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